difficile de faire un choix, pourquoi ce tableau-ci plutôt que celui-là, mais j'aimerais vous en montrer trois qui me semblent incontournables.
Celui qui est représenté sur l'immense affiche hissée devant le Grand Palais :
Le Désespéré
Autoportrait peint vers 1845 (45 cmx45) alors qu'il avait 25 ans, cette toile est la propriété d'un français.
Mais qu'arrive-t-il à Courbet ? pourquoi un tel accablement, lui si fanfaron, qui sait, un déboire sentimental, les premiers cheveux blancs ?
L'atelier du peintre
1855 - huile sur toile 359cms x 598 Musée d'Orsay
refusé par le jury du Salon, ce tableau est le clou de l'exposition particulière que Courbet organise en marge de l'Exposition Universelle de 1855.
Son sous-titre "Allégorie réelle déterminant une phase de sept années de ma vie artistique et morale" donne la mesure du propos ambitieux et un peu énigmatique du peintre... "C'est le monde qui vient se faire peindre chez moi" précise Courbet et l'on reconnaît parmi les trente personnages grandeur nature, dans la partie droite du tableau Baudelaire, Champfleury et Proudhon. L'identification des figures de la partie gauche demeurant plus incertaine. Les spéculations les plus diverses sont émises quant au sens réel du tableau.
Avec ce tableau il remet en cause la hiérarchie des genres en donnant à son manifeste personnel le rang et le format de la plus prestigieuse peinture d'histoire.
Le tableau sera racheté par sa veuve à la vente posthume Victor Desfossés, servira de toile de fond dans le théâtre d'amateurs de l'Hôtel Desfossés (6,rue Galilée à Paris), avant d'être acheté par le Louvre avec l'aide d'une souscription publique et de la Société des Amis du Louvre.
L'Origine du monde
1866 Huile sur toile 46x55 musée d’Orsay Paris
J'ai hésité avant de placer ce tableau, mais vous le connaissez tous et il suffit de faire un p'tit clic sur le net pour le voir en... beaucoup plus grand !
Il a fait la une des journaux dans les années 1990 ! Conçu à l'origine pour Khalil-Bey, collectionneur ottoman résidant à Paris qui l'avait installé dans sa salle de bains, il était caché sous un paysage d’hiver peint également par Courbet.
Ce tableau a connu un itinéraire des plus extraordinaires, vol du tableau par les autorités soviétiques en 1945 à Budapest où après bien des drames son propriétaire le baron Hatvany parvint à le récupérer.
Au début des années 1950 il revient en France, acquis par Jacques Lacan, mais lui aussi refusait de le présenter tel quel, il le cachait derrière un paysage d’André Masson, reprenant les grandes lignes du corps dénudé, qui coulissait sur une glissière.
En 1995, le tableau entre dans les collections nationales (sans le Masson) et est exposé au musée d’Orsay face à "Un enterrement à Ornans".
De nombreuses personnalités des XIXe et XXe siècles ont croisé son chemin : Théophile Gautier, Sainte-Beuve, Edmond de Goncourt, Sylvia Bataille, Alain Cuny, Marguerite Duras, Claude Lévi-Strauss, Dora Maar, René Magritte.Pourquoi, de nos jours encore, ce sexe mis à nu nous met-il si mal à l'aise ? Sans doute parce que trop direct, trop réaliste, peut-être le coup de génie de Courbet : traiter le sexe comme un portrait !

huile sur toile 50cms x 61 musée Gustave Courbet Ornans
C’est la Loue depuis le pont de Nahin, en amont de la maison natale de Courbet, une loue rêvée que l'on peut admirer depuis le musée
j'avais 20 ans ;-)
Sur Arte le 19 octobre à 22 h 15, une soirée sera consacrée à Gustave Courbet autour d'un documentaire de Romain Goupil, d'un film de Jean-Paul Fargier sur "L'origine du monde" et d'un numéro de "Palettes" d'Alain Jaubert décryptant "Un enterrement à Ornans"
Pour voir d'autres tableaux de cet illustre Franc-Comtois et découvrir ses multiples facettes, c'est ici.
j'aimerais offrir ce tableau à une autre fileuse qui saura se reconnaître....

La Fileuse endormie 1853 huile sur toile 90x116
Musée Fabre Montpellier
lire articles associés---> ici et là
Publié dans Art sous toutes ses formes